Precious Kolawole : l’avenir s’annonce prometteur
Precious Kolawole a grandi au Nigeria et s’est installée au Canada pour poursuivre ses études. Elle voulait aider les autres et s’intéressait surtout aux soins de santé. Pendant qu’elle attendait de faire des études universitaires, son frère l’a initiée à la technologie et a éveillé son intérêt pour l’intelligence artificielle (IA). Elle a alors découvert qu’il était possible d’aider les autres en combinant l’IA et les soins de santé, et cette idée est devenue sa nouvelle passion.
Après avoir entendu parler du programme Dev Degree de Shopify, Precious y a vu l’occasion d’obtenir son diplôme en informatique tout en travaillant pour Shopify.
Precious espère toujours étudier la médecine dans l’avenir et, grâce à ses connaissances en technologie, elle souhaite inspirer d’autres jeunes femmes en leur montrant que si elle peut le faire, elles le peuvent aussi.
Qu’est-ce qui vous a d’abord motivée à travailler dans le secteur des technologies?
Contrairement à beaucoup de gens, je n’ai pas été exposée à la technologie pendant mon enfance, car ma famille n’avait pas les moyens de s’offrir des appareils électroniques et autres gadgets. Étudier la médecine était mon rêve d’enfant. J’ai été admise dans une université nigériane pour y étudier la physiothérapie trois ans après mes études secondaires. Pendant ces trois années d’attente, mon frère m’a fait découvrir la technologie.
J’ai commencé à m’intéresser au secteur des technologies lorsque j’ai vu les possibilités de combiner la médecine et la technologie, et que j’ai constaté que les soins de santé pouvaient être rendus plus accessibles grâce aux applications de l’intelligence artificielle. Ajoutons à cela que l’on peut apprendre à coder gratuitement, mais qu’il est coûteux de le faire confortablement. Pendant plus de six mois, j’ai utilisé mon téléphone Android pour exécuter mon code, car je n’avais pas d’appareils informatiques. Je savais que je devais mettre à profit mes compétences pour gagner de l’argent afin de continuer à apprendre et à me perfectionner.
En quittant le Nigeria pour le Canada, quels ont été vos plus grands défis?
Au Nigeria, le plus long voyage que j’ai effectué a duré trois heures. Il était quelque peu effrayant de prendre un vol de 26 heures en emportant toute ma vie dans quelques valises. J’ai eu quelques larmes en voyant ma mère et ma sœur quitter l’aéroport au moment de l’embarquement, car je devais affronter l’inconnu sans pouvoir compter sur les personnes qui m’aidaient habituellement à me sentir en sécurité. Toutefois, la transition s’est déroulée plus facilement que je le pensais.
Ce n’était pas en raison de la nourriture, du climat, de la diversité des langues ou des différences culturelles. À mon arrivée, toutes les personnes que j’ai rencontrées m’ont apporté leur soutien et m’ont aidée à combler ces lacunes. Je me suis efforcée d’apaiser mon mal du pays en trouvant de nouveaux centres d’intérêt, en me joignant à des groupes religieux et de technologie, et en participant à leurs activités.
J’ai tout de même souffert d’une crise d’identité; je ne me reconnaissais plus, c’est ce qui a été mon plus grand défi. Je suis le genre de personne qui a naturellement confiance en elle, qui privilégie la collaboration, qui aime s’impliquer et diriger de diverses façons. Néanmoins, j’ai peu à peu commencé à dépendre des autres pour trouver l’information que je n’arrivais pas à obtenir sur Google. J’ai perdu confiance en moi et j’ai dû réapprendre beaucoup de choses. Il m’a fallu du temps pour comprendre comment les choses fonctionnaient, parce que je n’y ai pas été habitué pendant mon enfance.
En quoi vos études postsecondaires au Nigeria et au Canada diffèrent-elles?
Durant les trois semestres passés dans mon école postsecondaire au Nigeria, je devais suivre un minimum de 10 à 11 cours par semestre. Tous les étudiants étrangers originaires du Nigeria ont dû être aussi choqués que moi de constater que dans les établissements postsecondaires canadiens, on ne peut pas suivre plus de cinq cours par semestre. Aujourd’hui, tout en suivant mon programme Dev Degree, je ne suis que trois à quatre cours par semestre. Ce fut une grande surprise, mais je dirais que les charges de travail sont les mêmes.
Au Nigeria, les enseignants et les professeurs sont stricts; il ne suffit pas de comprendre le matériel de cours et de travailler assidûment pour que les étudiants réussissent. Alors qu’au Canada, les professeurs sont facilement accessibles. Pour réussir, il faut suivre leurs instructions et être intelligent et studieux. De plus, le système d’éducation canadien est bien numérisé et dispose de meilleures infrastructures et ressources.
Y a-t-il beaucoup de femmes qui travaillent dans le secteur des technologies au Nigeria?
Depuis 2015 environ, la participation des femmes nigérianes à l’écosystème technologique a augmenté de façon exponentielle. Non seulement les femmes nigérianes participent et travaillent dans le secteur des technologies, mais elles y contribuent de manière significative, occupent des postes de direction et sont reconnues comme fondatrices de jeunes entreprises, tout en servant de modèles et en offrant plusieurs possibilités de perfectionnement aux femmes nigérianes plus jeunes.
J’ai bénéficié d’un grand nombre de ces initiatives mises en place par des femmes nigérianes travaillant dans le secteur des technologies dans le but d’aider et d’enseigner aux jeunes femmes. Des efforts sont encore déployés quotidiennement pour promouvoir la diversité dans le secteur nigérian des technologies. Cependant, il est indéniable que le secteur des technologies est encore à prédominance masculine et que les femmes y sont encore sous-représentées.
Qu’est-ce qui vous intéresse dans l’intersectionnalité entre l’IA et les soins de santé?
Supposons que je sois à nouveau admise à l’école de médecine, comme j’en ai l’intention. Je compte alors étudier la chirurgie générale et ne pas me limiter à une discipline de la médecine comme la physiothérapie, la neurologie ou la dermatologie. J’ai brièvement exploré chacune des options mentionnées d’une manière ou d’une autre dans ma vie, et je me suis rendu compte que je ne voulais décidément pas me consacrer à une seule d’entre elles.
Mon pays d’origine ne dispose toujours pas de soins médicaux adéquats et accessibles, et cela fait mal de voir que de nombreuses personnes n’ont pas accès à des soins de qualité. Je ne saurais prédire ce que je ferai après mon diplôme en informatique (j’ai appris beaucoup de choses depuis le début de mes études et mes centres d’intérêt deviennent chaque jour de plus en plus nombreux et variés – il se peut que demain, je me lance dans la robotique).
Cependant, j’ai l’intention de créer une entreprise de technologie de la santé où je consacrerai mon énergie à trouver des solutions aux problèmes de santé en Afrique et à accroître l’accès aux soins de santé à l’échelle mondiale en créant des technologies d’intelligence artificielle de pointe qui améliorent la qualité et l’accessibilité financière des soins hautement spécialisés.
Qu’est-ce qui vous a poussé à participer au programme Dev Degree de Shopify?
Lorsque j’ai décidé d’obtenir mon diplôme de physiothérapie, je me suis mise à chercher des débouchés, mais je n’en ai pas trouvé. J’ai reçu d’innombrables refus, et les échecs se sont accumulés les uns après les autres. Je n’avais plus le moral et, à un moment donné, j’avais perdu mon côté audacieux et j’essayais d’éviter toute autre initiative, de peur de voir l’idée que je n’étais qu’une ratée s’incruster dans mon esprit.
C’est à cette époque qu’un ami m’a fait découvrir le programme Dev Degree. Les avantages du programme étaient trop beaux pour être vrais, je n’arrivais pas y croire. Je me suis renseignée pour savoir si je pouvais y participer, car cela correspondait à mes attentes. Je ne suis pas du genre à me consacrer à des études sans les consolider ou travailler en même temps.
Pourquoi pensez-vous qu’il est important d’être mentore? Que trouvez-vous gratifiant dans ce rôle?
Le mentorat est une occasion de redonner à la collectivité et d’apporter ma contribution pour aider la prochaine génération de jeunes passionnés à acquérir les compétences et les connaissances dont ils ont besoin pour réussir. Il revêt une grande importance, car les gens sont généralement inspirés à faire quelque chose lorsque d’autres personnes comme eux le font. Ils s’imaginent plus facilement dans ces rôles et sont plus enclins à aller de l’avant et à se faire entendre.
Ce que je trouve le plus gratifiant, c’est l’influence positive que cela peut avoir sur le développement personnel et professionnel du mentoré. Voir un mentoré réfléchir aux valeurs que je lui ai transmises me procure une grande satisfaction personnelle.
Pourquoi pensez-vous qu’il est important de travailler avec des organisations tels que Techsploration?
Techsploration est une organisation qui vise à inspirer les jeunes filles à envisager des carrières dans les domaines des STIM. Cela est crucial pour l’avenir de la technologie et vise à réduire la grande disparité entre les sexes dans le domaine des technologies.
Comme j’ai personnellement bénéficié d’organisations dotées de structures semblables à Techsploration au début de ma carrière, il faut que je rende la pareille d’une manière ou d’une autre, que je contribue à cette mission vitale et que j’exerce une influence positive sur la société. De plus, faire partie d’une organisation d’élite offre de précieuses occasions de réseautage et favorise l’épanouissement personnel.
Quel type de croissance souhaiteriez-vous pour les femmes et les personnes non binaires travaillant en STIM?
Il est essentiel d’accroître la représentation des femmes travaillant en STIM afin de créer une main-d’œuvre plus diversifiée et plus inclusive. Les modalités de travail dans l’industrie devraient être plus souples, car de nombreuses femmes éprouvent des difficultés à concilier leur vie personnelle et professionnelle. Enfin, j’imagine un avenir où les femmes seront perçues comme aussi intelligentes que leurs collègues masculins et où elles pourront suivre leur propre voie, différente de celle que la société leur impose.